Qu’est ce que The Big Whale (TBW) ?

Rédigé par Leopold

The Big Whale est un média indépendant du Web3. TBW rédige une newsletter hebdomadaire déclinée en deux formats: une version gratuite et une autre, payante.

Le but premier de TBW est de fournir un accès à l’information qui s’inscrit dans la dynamique la plus honnête possible. De manière plus globale, le média veut être le fer de lance d’une nouvelle manière de voir le modèle économique des médias grâce au Web3.

Deux des fondateurs de The Big Whale étaient présents lors du dernier apéro de Cryptosquare. Nous avons eu l’occasion de poser quelques questions à Raphaël Bloch, co-fondateur et rédacteur en chef .

Comment est-ce que tout a commencé ?

Nous avons d’abord créé une Newsletter ensemble en 2018, dans le but de nous acculturer et de partager nos connaissances du web3. On a fait un constat simple: l’information dans notre secteur est clé, pour plein de raisons, notamment pour la réputation.

D’un côté, les grands médias trafitionnels ne se préoccupent que très peu du sujet. Je parle d’expérience. Après 4 ans aux Echos et deux ans à l’Express, on arrivait à aborder le sujet des cryptos mais il était difficile d’avoir une approche profonde et quotidienne. C’était impossible. Nous avons donc décidé de créer notre propre média. The Big Whale est différent des médias traditionnels que nous connaissons tous, mais aussi des médias spécialisés bien connus de l’écosystème comme CoinTelegraph ou Cointribune qui ne proposent pas les standards journalistiques que nous avons en tête. Comment répondre à ce défi de manière simple ? On s’est lancé en début avril avec l’idée de tester le marché, de voir si on intéressait les des lecteurs etc, … L’interview d’Emmanuel Macron après une semaine nous a donné une énorme visibilité et une belle croissance en 6 mois.

Quelles sont vos sources de financement?

En plus de l’abonnement mensuel, nous avons proposé un abonnement à vie qui fait office de levée de fonds. Nous avons également eu des financements de business angels réputés.

Vous avez des investisseurs. Ne risquent-ils pas d’influencer votre vision des choses et fausser votre honnêteté?

Nous nous sommes lancés en avril 2022. Nous étions 3 associés fondateurs. Nous n’avions pas grand chose à part notre envie et notre crédibilité. Très vite, nous avons été suivis et nous avons obtenus de nombreux d’abonnés. Nous avions donc de l’argent, mais pas encore assez pour développer notre roadmap. A coté de cela, nous avons fait une levée de fonds auprès de plusieurs business angels. Nous avons communiqué leur identité et leur participation représente une petite part de notre capital. Nous, fondateurs, aurons toujours la majorité. Nous avons une charte qui protège la rédaction et nous ne sommes jamais en contact avec les investisseurs. Nous sommes le seul média Web3 actuellement à avoir le statut de presse. Nous avons donc notre charte interne à la rédaction et celle des devoirs professionnels des journalistes. Nous avons déja écrit des papiers qui n’ont pas plu à nos investisseurs, et cela n’a pas posé de problème car nous sommes indépendants.

Quelle est la valeur la plus importante pour vous ?

L’honnêteté. Nous mettons l’accent sur l'écriture et l'investigation. Sur l’aspect critique également. A titre personnel, je n’ai que 3000 euros de cryptos car je m’intéresse à plein de projets. Je travaille dessus mais je veux garder mon opinion et être le moins biaisé possible. Nous ne sommes ni du côté des médias traditionnels crypto, ni du côté des médias traditionnels généralistes. On se positionne au milieu en essayant de réinventer ce modèle. Nous avons ce désir de mettre l'accent sur l'éducation dans un écosystème encore immature. Ce qui nous aide aussi, c'est le bear market, qui fait le tri qui permet d’épurer et de recréer une base saine.

Vous parlez souvent d’honnêteté mais jamais d’objectivité, n’est-ce pourtant pas le but final d’un journaliste?

Si nous revenons à l’éthymologie des termes, l’objectivité c’est l’objet et la subjectivité c’est le sujet. Lorsque nous traitons un sujet nous sommes subjectifs par essence. J’ai des biais comme tout le monde. Je ne serai donc jamais objectif mais je peux travailler honnêtement et c’est ca qui est important. Pour TBW, ce qui est fondamental et qui est notre plus bel actif, c’est notre crédibilité. Nous, notre obsession - et c’est notre marque de fabrique - c’est la qualité du boulot, l’indépendance et la transparence. C’est ça qui nous fait nous lever le matin. Notre crédilité c’est le reflet de la confiance de nos lecteurs et cette confiance, c’est notre engagement. Dans notre société, la confiance est fondamentale. Ce qui a généralement mené à de nombreux effondrements politiques, economiques ou purement monétaires est souvent la perte de confiance.

Vous parlez de l’intégration du web3 dans la presse. Comment voyez-vous cette intégration de la presse écrite de manière concrète, d’une manière systémique profonde ?

L’internet que nous connaissons aujourd’hui a subi une transformation graduelle en passant de web1, l’internet de la lecture seule, à web2, l’internet social participatif et ensuite web3 qui est l’internet de la valeur. Aujourd’hui l’information est disponible partout et tout le temps, tout le monde produit de l’information. Les outils du Web3 permettent de redonner et réorganiser l’information sur internet. Le but n’est pas d’empêcher les gens d’être des relais de l’information mais bien de se servir d’outils comme les blockchains, les tokens et les cryptos pour recréer de la confiance dans les médias. Nous voulons créer un système avec des abonnées plus engagés, plus consultés et plus au centre de l’engrenage. Nous pourrions même aller jusqu’à imaginer un protocole qui fonctionnerait avec des noeuds, des validateurs qui auraient des tokens et les stakeraient. Nous aurions des gens qui valident une information de manière décentralisée, information qui est proposée par un contributeur. Ce qui est vertueux dans ce système, c’est qu’à l’instar de Bitcoin, personne n’aurait intérêt à tromper les autres. En effet, via l’utilisation du token, la valeur de ce dernier est indexée sur la qualité de l’info et sur l’attractivité du média.

On pourrait dire qu’il s’agit presque d’un oracle mais avec une dimension plus vertueuse et complète ?

Exactement. L’oracle permet de dire que l’information a été vérifiée et certifiée. Aujourd’hui, il y a une défiance envers les médias et les gens ne croient plus les informations qu’ils entendent ou lisent. Notre réflexion est de voir ce qui peut être fait à ce niveau-là. Nous croisons tous les jours des chefs d’entreprises, des avocats, des investisseurs, des politiciens, des startupeurs, autant de gens qui connaissent très bien leur sujet, et pourtant nous n’arrivons pas à tirer avantage de cette intelligence collective. Plein de gens produisent énormément de contenus de qualité et c’est dommage de se couper de cette qualité quand on pourrait, en s’organisant différement, créer de la valeur pour tous et la distribuer plus facilement. Comment faire en sorte que collectivement il y ait des gens qui produisent des contenus mais que au lieu de les laisser proposer leur information de manière isolée, on puisse les faire valider collectivement par un entité décentralisée? Les stakeurs auraient la responsabilité de valider les bonnes informations car s’ils valident une mauvaise information, ils détruisent leur propre modèle. Avec l’équipe, nous avons envie d’apporter la meilleure info possible mais également de changer le modèle de fonctionnement des médias.

Est-ce que dans les valeurs journalistiques que vous prônez, on pourrait voir une forme de libéralisme communautaire dont l’individu reste au centre ?

Je suis assez sensible à cette idée de libéralisme. En France, au 19ème siècle, l’un des droits fondamentaux que les francais ont revendiqué en premier c’est la liberté de la presse, dans un sens de libéralisme fondamental. Pouvoir écrire sans être soumis à la censure était quelque chose de totalement nouveau pour la presse de l’époque. Internet a augmenté cette liberté, en permettant à chacun de publier librement, et plus seulement les médias. Maintenant, nous devons redéfinir ce qu’est un média et comment il peut s’intégrer dans les valeurs et la dynamique de notre époque: inclusif, participatif, décentralisé, engageant, … Et c’est là que l’on retrouve la place de l’individu et l’apport du Web3. Pour le moment, l’essentiel de l’économie numérique est capté par une centaine de géants autour du globe.

Pour l’instant, vous avez un angle d’attaque orienté vers les initiés au Web3, avez-vous l’intention d’agrandir votre portée à terme?

Comme je le disais, nous avons aujourd’hui des outils incroyables. Internet a boulversé l’industrie mondiale, y compris l’économie des médias. Des gens arrivent maintenant à produire du contenu de qualité simplement en ouvrant un blog. C’est génial, mais ca ne fait pas d’eux des médias. Si on revient à la base, une information journalistique a la qualité d’être sourcée, recoupée et c’est fondamental dans notre métier. A titre d’exemple, tout ce que nous publions a été vérifié par de multiples sources croisées, nous ne publions rien sans être certains de la véracité de l’info. Lorsque nous parlons d’un projet ce n’est pas parce que nous avons une affinité avec celui-ci mais car nous considérons que nous devons en parler à la communauté. Nous avons démarré comme un média francophone et nous voulons aussi garder cette partie là. Toutefois, on a fait le constat que nous n’avons pas de médias européens qui pèsent et émettent au delà des frontières. On aimerait montrer un regard plus européen sur le monde de la crypto et du Web3 en général. Nous venons de lancer une version européenne de notre newsletter qui vient s’ajouter à la francophonne. Nous voulons devenir le média européen de référence. Notre but est de promouvoir le Web3 de manière intélligente et honnête. Nous ne voulons pas nous retrouver coincés par des acteurs rétrogrades. Et bien sûr, ce combat passe pas l’éducation via une information de qualité.

Quid de Bankless DAO?

Bankless n’a pas d’investisseurs privés mais travaille avec beaucoup d’entreprises et produit beaucoup de contenus avec des entreprises qui vont financer leur produit. Nous, ce n’est pas dans notre intention. Quoiqu’il en soit, leur initiative est très chouette et il y a de la place pour plein d’autres médias que TBW. Bankless fait un super boulot. Il y a beaucoup de médias américains mais il n’y aucun médias web3 européens et nous ce qui nous plait c’est qu’on a envie de porter, avec un aspect critique, la voix des acteurs européens. Nous avons été en Argentine et tous les Argentins étaient curieux de savoir ce qu’il se passe en Europe mais n’ont accès à aucune source d’information digne de ce nom qui permet de connaitre l’état du marché et les projets. Ce sont en général les américains qui en parlent.

Vous n’aviez pas peur de lancer un nouveau média en 2022?

En 2022, c’est vrai que tout le monde crée son contenu. On le fait car on pense que c’est important pour l’écosystème. Mais également d’un point de vue philosophique car nous pensons avoir une valeur ajoutée. Les grandes questions qui se posent sont: comment être rentables, scaler et transformer l’industrie des médias. Ce sont 3 sujets sur lesquels les médias d’aujourd’hui sont très mauvais.

Quel est votre plus gros challenge, qui vous demande le plus de travail?

Un de nos plus gros challenge, c’est d’arriver à obtenir les meilleures infos, les meilleurs interviews, et donner l'accès a ce qui se fait de mieux. Le deuxième défi est de continuer à construire notre équipe pour pouvoir accentuer notre travail de qualité.Nous devons également, avant de monétiser, créer la confiance des lecteurs et trouver les bonnes mécaniques pour les engager au mieux. Nous avons à ce titre lancé un Discord pour pouvoir échanger avec l'ensemble de la communauté.


Leopold J.

Passionné de blockchain et de cryptomonnaies depuis 2018, ce monde fait maintenant partie de mon quotidien. J’ai toujours soif d’apprendre, d’essayer de comprendre et vulgariser les projets qui me passionnent. Pendant mon temps libre, je prends donc plaisir à vous proposer ces quelques petites reviews et articles avec CryptoSquare.

Leopold

Passionné de blockchain et de cryptomonnaies depuis 2018, ce monde fait maintenant partie de mon quotidien. J’ai toujours soif d’apprendre, d’essayer de comprendre et vulgariser les projets qui me passionnent. Pendant mon temps libre, je prends donc plaisir à vous proposer ces quelques petites reviews et articles avec CryptoSquare.

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